École d'Arts Martiaux Chinois de Brice Amiot

Le Souffle du changement

Nous voici en pleine nouvelle rentrée 2023 2024. Chaque rentrée apporte son lot de changements et d’ajustements en fonction des bilans tirés, des nouvelles aspirations et des nécessités de l’époque.

Le gros changement majeur cette année, c’est la mise en place d’un système de formations qui offre la possibilité de pouvoir étudier en profondeur les éléments les plus riches de l’enseignement des arts martiaux et des arts énergétiques, chose qu’il est souvent difficile de faire lors des courtes séances collectives hebdomadaires dont les formats sont plus propices à l’entraînement purement technique. La théorie y est survolée et les amplitudes horaires de ces séances ne donnent pas réellement l’occasion d’approfondir la pratique. Non pas que ces séances soient inutiles, elles le sont, car l’apprentissage se fait par la répétition des acquis au moyen de temps d’entraînements réguliers (la répétition est le facteur clé de la transmutation). Mais pour qui a à cœur d’embrasser toute la richesse théorique et technique d’un thème précis qui requiert une longue immersion dans ses méandres, la formation est idéale. À l’issue d’une formation, l’élève sort non seulement avec un lourd bagage de connaissances mais il ressort également avec une expérience, un vécu. J’entends par là qu’il a eu le temps de s’imprégner totalement du sujet de sa formation et qu’il a pu le faire pénétrer au-delà de la simple compréhension intellectuelle.

Ce qui me réjouit, c’est que ce système de formation va me laisser l’opportunité d’aborder des choses plus subtiles car, en vieillissant, les professeurs qui, comme moi, ont une perception évolutive de leur art, aiment partager le résultat de leurs investigations dans leurs séances. Mais cela nécessite un contexte adapté. Le cadre de la formation l'est justement car il pose un temps d’étude suffisamment long pour qu’une échelle graduelle d’éléments fondateurs puissent être amenés en soutien d’arguments plus techniques. En effet, une formation demande la présence des étudiants un week-end par mois ou un week-end tous les deux mois sur des périodes allant de trois à cinq week-ends. Un week-end compte environ 15 heures d’étude, ce qui permet d’investir déjà pleinement dans ce laps de temps, tout un tas d’éléments apparentés au thème de formation.

Un autre avantage non négligeable à considérer dans la mise en place de ce nouveau système d’enseignement, c’est la capacité pour l’école d’accueillir des personnes qui ne sont pas de la région des Alpes Maritimes. En effet, bénéficiant aujourd’hui d’un regard national sur mon travail, je suis parfois amené à faire face à la demande de personnes ne pouvant suivre un enseignement continu. Ces personnes, prêtes à se déplacer le temps d’un séjour, souhaitent accéder à une somme de connaissances et de manières de faire qu’elles pourront ensuite travailler à domicile. Je suis à présent en mesure de répondre à cette demande. La formation s’adresse également à ceux qui ne désirent pas s’engager dans un système d’apprentissage hebdomadaire classique s’étalant sur une année scolaire.

Il y aura trois grosses formations cette année : une en QI GONG et deux en WING CHUN. Cette rentrée marque pour moi le début d’un nouveau cycle de sept années d’enseignement et ces trois formations sont destinées à poser des fondements. La première formation, nommée « entre Ciel et Terre », va rassembler les connaissances primordiales qui permettent de comprendre et d’insérer le QI GONG dans notre quotidien. Elle livrera les clés d’une sagesse du mouvement ancestrale garante de la santé du corps et de celle de l’esprit et fournira une méthode de reprogrammation de paramètres essentiels au maintien de l’harmonie de la circulation de la vie en soi et autour de soi. Cette formation mettra en évidence que le QI GONG n’est pas une gymnastique mais une philosophie et un art de vivre.

La seconde proposera une étude approfondie des bases du WING CHUN et la dernière donnera les 108 enseignements cachés derrière ce qu’on appelle SIU LEEM TAU et qui constitue la première forme du système. J’ai personnellement, lors de mon parcours d’étudiant, été profondément émerveillé par les contenus que j’ai rassemblés pour ces trois formations. Les graines qu’ils ont semées en moi m’amènent aujourd’hui à souhaiter partager les fruits d’un savoir que je juge réellement utile à ceux qui ne veulent pas perdre leur âme au sein un monde dans lequel toutes les valeurs sont inversées.

Autre nouveauté, la mise en place, en WING CHUN, de cours hybrides dans lesquels deux niveaux de pratiquants peuvent être amenés à travailler ensemble. J’ai en effet à cœur de mener l’expérience de proposer à un élève d’avoir dans la semaine, un cours totalement et exclusivement consacré à son niveau d’étude et un autre dans lequel le thème de séance le reliera à une pratique intermédiaire. Ainsi, en révisant, les élèves les plus expérimentés pourront tirer ceux qui le sont moins vers le haut. Ce système permet à tous les élèves d’avoir la possibilité de bénéficier d’au moins deux entraînements par semaine mais également de créer du lien entre les différentes générations et les différents niveaux de pratiquants. Les grands thèmes de cette année pour les trois niveaux de pratique sont les suivants :

  • Débutants : étude classique des bases du système.

  • Intermédiaires : Approfondissement des bases, étude des éducatifs de base, travail de la forme SIU LEEM TAU et de ses applications (attention, il ne s’agit pas là de l’étude des 108 enseignements du SIU LEEM TAU prévue au programme des formations mais une étude uniquement mécanique et martiale des gestes de la forme).

  • Confirmés : utiliser les jambes dans le système, établir des boucles de travail et les assembler, affiner le GWOH SAU et entrer dans la pratique des échanges non conventionnés.

En ce qui concerne le Taijiquan, je suis navré de constater qu’il n’y a pas assez d’élèves pour constituer des cours collectifs. Certains confirmés se sont néanmoins réunis pour commencer l’étude de l’épée en cous privé.

Le QI GONG qui est à la fois l’essence et la raison d’être des arts martiaux Chinois, fera comme je l’ai mentionné plus haut, non seulement l’objet d’une formation annuelle majeure mais sa pratique assidue est programmée trois fois par semaine, tout au long de la saison, à une heure idéale pour bénéficier de l’énergie du soleil levant : 6h30 du matin ! Ce créneau horaire stratégique rassemble déjà quelques courageux qui ont bien compris que la capacité à se responsabiliser de sa santé et de sa vitalité nécessitait des efforts et qui ont expérimenté les bénéfices que pouvait apporter ces séances. Voilà déjà deux ans que cet entraînement matinal existe mais la nouveauté c’est que j’ai décidé cette année de le proposer une demi-heure plus tôt que les saisons précédentes afin, d’une part, d’être encore plus en phase avec les énergies d’éveil de la nature et d’autre part de pouvoir permettre une compatibilité avec les horaires de travail de la plupart des gens.

Vous aurez peut-être remarqué que le planning de cette saison mentionne des espaces de cours particuliers. Il est vrai que certaines personnes émettent le souhait ou le besoin d’avoir un enseignement personnalisé. Enseignement qui était de toute manière, autrefois, au programme d’un cursus de type traditionnel. En effet, à partir d’une certaine expérience de la pratique, la transmission se faisait directement de Maître à élève. Sans avoir la prétention d’être un Maître je suis totalement convaincu de la grande pertinence qu’il y a, lorsque l’on vise un objectif de réalisation personnel précis à travers l’étude des arts martiaux, à se diriger vers cette formule certes plus onéreuse que les cours collectifs, mais engendrant une progression bien plus rapide. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle permet de bénéficier de corrections, d’ajustements et de directives spécifiques au type de pratiquant que l’on est et ce, en temps réel. À une époque où le collectif semble perdre de son attrait, je suis amené aujourd’hui à reconsidérer ma façon de transmettre en l’adaptant au profil et aux objectifs de chaque élève que je côtoie dans le cadre d’un cours particulier.

Cela me rappelle une anecdote racontée par l’un des fils du Grand Maître Ip Man au sujet de son Père. Il disait de lui que ce qui faisait réellement sa renommée était son sens de la pédagogie et qu’il avait cette sensibilité qui lui permettait de modifier instinctivement sa façon d’enseigner en fonction de l’étudiant qu’il formait. Ceci a engendré la création de différentes écoles de WING CHUN avec différentes approches car chaque élève étant différent, aucun d’eux n’avait reçu exactement le même enseignement. Aujourd’hui, cette anecdote me parait cruciale car elle me rappelle qu’un véritable artiste est quelqu’un qui s’est approprié un art pour pouvoir exprimer, à travers lui, qui il est profondément et qu’un véritable professeur doit justement aider un élève, à un moment donné, à se libérer des rouages académiques pour se découvrir, se trouver et offrir au monde le fruit de cette rencontre avec lui-même.

Les espaces de cours particuliers sont également réservés à des petits groupes qui se réunissent pour étudier ensemble un thème spécifique et se partager le prix de la séance. Cette année le TUISHOU et l’épée de Taiji sont les thèmes qui ont été demandés mais il y a encore des espaces disponibles et tout est possible du moment que la demande est logique par rapport au niveau de pratique du demandeur. Forcément, je ne peux par exemple pas enseigner le mannequin de bois à une personne qui n’a pas encore validé les trois premiers niveaux de WING CHUN avec moi.

Concernant les stages, pour le moment nous avons une première date début octobre. Celle-ci me donnera l’opportunité de présenter le Wing Chun en tant qu’Art Alchimique. Je vous laisse découvrir l’article que j’ai écrit à ce sujet.

Si certains élèves sont prêts, je vais faire en sorte d’organiser des passages de ceintures collectifs en fin de saison car il me parait important de le faire. Trop peu d’élèves s’aventurent dans la préparation d’un grade alors qu’il constitue une marche solide sur laquelle on peut prendre appui pour monter plus haut dans l’apprentissage. Les ceintures attestent d’un niveau spécifique de pratique et de connaissances. Elles sont garantes de la transmission de l’art. Effectivement elles impliquent un travail personnel assez important mais elles permettent à un élève de faire les efforts nécessaires à la maîtrise de la matière qu’il a rêvé de maîtriser en s’engageant dans la voie des arts martiaux.

Voilà pour l’essentiel, je vous souhaite à toutes et à tous une très bonne rentrée.

Brice AMIOT