Wing Chun : 11 critères « alerte » lorsque l’on cherche une école.

« Peu importe la longueur de son sabre si l’homme n’a pas la vertu ».

Ce proverbe est célèbre pour les Artistes Martiaux mais il est malheureusement ignoré d’une majorité d’amateurs dont la culture martiale se résume à quelques films d’action Hong Kongais dans le meilleur des cas, américains dans le pire.

Ces personnages incultes, hermétiques à toute forme de philosophie et motivés par l’idée de se construire, à travers la pratique des Arts Martiaux, une image de pseudo héro voir même de « Maître » selon leurs médiocres critères, envahissent les « clubs » jusqu’à même en diriger. Ce sont les rois du cliché, de la forme sans le fond. Leurs capacités cérébrales limitées les empêchent de comprendre qu’un Art Martial n’est pas un sport de combat ou une méthode de self-défense, mais bien un outil permettant de travailler sur soi.

Travailler sur soi ? Quel intérêt pour ces personnes qui prétendent généralement tout savoir et qui aiment clamer que, dans la vie, les problèmes viennent des autres. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils veulent devenir forts, pour détruire les autres ! C’est tellement plus facile que de se construire soi-même. Ces pratiquants ont souvent un complexe d’infériorité qui les amène à vouloir, dans leur vie, qu’on les admire pour leur force. Ils veulent être les caïds de leur club et tous les moyens sont bons pour exister au détriment des autres car bien souvent, dénués de talent, ils ne peuvent arriver à leurs fins qu’en dénigrant ou détruisant ceux qui pourraient leur faire de l’ombre.

Vous l’aurez compris, l’esprit des arts martiaux est le dernier de leur souci, seule leur image est importante. Ils sont dans une démonstration permanente, cherchent à prouver l’utilité de leur existence, veulent des regards approbateurs et de la reconnaissance. Ils portent un masque fait de diplômes de stage, de dizaines de photos prises avec des célébrités, de légendes personnelles inventées, de faits d’armes enjolivés. Prendre des poses et donner des leçons, ces rois du paraître et de l’illusion savent le faire. En revanche, incarner les vertus martiales de base que sont l’humilité, le respect et l’altruisme ne fait pas partie de leurs priorités.

Vous me direz sûrement que des gens comme ça, on en trouve dans tous les milieux mais personnellement, en plus de 25 ans d’enseignement et 40 de pratique, s’il y a bien un milieu que je connais, c’est celui des arts martiaux. J’y ai côtoyé des gens extraordinaires qui plaçaient les vertus et les valeurs humaines au premier plan de leur vie comme devrait le faire systématiquement chaque homme ou femme qui s’engage sur « la voie du guerrier ». J’ai rencontré de véritables frères et sœurs de cœur. Mais je dois dire que j’ai également rencontré beaucoup d’êtres abjects dont le plus infime souvenir m’inspire le dégoût. Ces personnes, par leur bêtise, salissent une tradition ancestrale porteuse de sagesse et de lumière et malheureusement, dans le milieu du Wing Chun Français, ils ne sont depuis quelques temps pas rares à ouvrir des cours.

Si je peux donc, par cet article, vous permettre d’éviter de tomber sur un de ces « connards de service », j’en serais très heureux.

WING CHUN, quelques critères pour éviter les pièges.

  1. Le nom en dit long

Mon premier critère « alerte » est l’ajout d’un complément de nom du type « self défense » ou « fighting system » au Wing Chun revendiqué par une école. Il donne tout de suite la direction et l’esprit d’un enseignant qui a vendu son âme à ce qui attire les masses aujourd’hui. Avec ce type de qualifications, cela m’étonnerait qu’on vous enseigne le Wing Chun comme la discipline d’éveil et l’art initiatique qu’il est mais après, à vous de voir, tout dépend de ce que vous recherchez : une tradition ou un format à la mode ?

  1. La forme renseigne sur le fond

Mon second critère « alerte » est la pauvreté du discours véhiculé sur les supports de communication d’une école. Lorsque celui-ci est le « blabla » standard qui, en quelques phrases vous dit que le Wing Chun est « l’art martial Chinois le plus efficace », qu’il n’y a que peu d’information sur la manière que le professeur a d’aborder la pratique, qu’il y a peu d’efforts dans la forme générale comme dans le fond, il y a fort à craindre que le contenu pédagogique du cours soit peu pertinent. Si, en plus, l’école ne met en avant sur son site internet que quelques pauvres vidéos navrantes réalisées au cours d’un forum des associations avec, en fond sonore, la musique du film « Ip Man », ne vous attendez pas à savourer une transmission sérieuse.

  1. Une question de feeling

Mon troisième critère « alerte » est le manque de confiance que vous allez retirer d’un premier échange avec l’enseignant. Si vous sentez que celui-ci manque d’éducation, de politesse ou encore de respect, fuyez … Vous n’êtes pas chez un Artiste Martial. Si vous avez au contraire à faire à quelqu’un qui en fait trop et qui se donne des airs de grand Maître, de grand sage, de grand guerrier ou même de grand mec super cool et super humble, fuyez également : vous êtes en présence d’un manipulateur narcissique. Évitez aussi celui qui vous dit qu’il est le seul à faire du « VRAI » Wing Chun, que les autres professeurs du coin font n’importe quoi (« de la merde » plus précisément) et qu’il est le seul à avoir eu un ou des grands Maîtres (Chinois forcément, un grand Maître est toujours Chinois).

  1. Le lignage : une certaine garantie

Mon quatrième critère « alerte » est l’absence d’un lignage vérifié et reconnu du professeur. Attention, des photos de stages avec des grands Maîtres ne sont pas des preuves de lignage. Tout le monde peut en avoir. Il faut que ce lignage soit attesté directement par un Maître ou par ses écoles. En France, il faut aussi qu’un professeur ait au minimum un diplôme d’instructeur fédéral issu d’une fédération d’Arts Martiaux disposant d’une délégation ministérielle pour enseigner légalement. Je vous garantis qu’il y a un tas de « professeurs » qui enseignent illégalement dans notre pays, sans en avoir les compétences.

  1. La bienveillance et le respect comme base

Mon cinquième critère « alerte » est l’ambiance pesante que vous allez ressentir lors de votre premier séance d’entraînement. Si les personnes présentes au sein d’un cours (cela concerne également le professeur) ne sont pas disposées à vous intégrer dans leur groupe, qu’elles sont dans un esprit de compétition ou de démonstration, qu’elles ont un comportement hautain, misogyne, dragueur, grossier ou tout simplement désagréable, c’est que vous êtes au mauvais endroit pour recevoir un enseignement martial digne de ce nom. Rappelons que l’esprit de communauté doit être présent dans chaque école et qu’il implique des règles de savoir-vivre dont la première est la bienveillance et la seconde, le respect.

  1. Il n’y a que la pédagogie qui fait d’un homme un enseignant

Mon sixième critère « alerte » est le manque de pédagogie du professeur. Si celui-ci n’est pas capable de vous expliquer clairement la théorie et la pratique de son art, c’est qu’il n’est pas fait pour être professeur. Le Wing Chun regorge de principes internes et c’est en plus un art hermétique censé divulguer des savoirs en matière de lois universelles. Tout cela doit être clairement détaillé pour que le/la pratiquant(e) puisse parfaitement comprendre ce qu’il/elle doit faire et dans quelle direction il/elle doit avancer.

  1. Les maximes du Wing Chun comme fil conducteur

Mon septième critère « alerte » est l’absence de référence du professeur aux « maximes du Wing Chun ». Les maximes du Wing Chun sont un recueil de phrases clés qui ont été compilées par les Maîtres au fil du temps afin de sauvegarder l’essence de la pratique. Elles doivent être clarifiées et commentées par un professeur au fil des cours ou par support de communication interposé.

  1. La préparation, clé d’une longue vie de pratiquant

Mon huitième critère « alerte » est l’absence d’un échauffement et d’une mise en conditions corrects en début de séance. Il est crucial de comprendre qu’un enseignement martial a pour objectif de rendre fort. Être fort, c’est avant tout être en bonne santé donc si l’enseignant d’un art martial ne met pas tout en œuvre pour assurer la santé de ses élèves, c’est qu’il n’a pas compris le sens de ce qu’il prétend enseigner. Détruire les gens est facile et rapide, les rendre forts physiquement et psychologiquement prend du temps et nécessite de nombreux efforts d’autant que ce qui fonctionne pour une personne ne fonctionne pas forcément pour une autre. La diversité des méthodes est vaste mais s’il y a bien un principe essentiel qui s’applique à chacun du fait qu’il constitue une loi universelle, c’est celui qui dit que l’on ne peut devenir fort sans une bonne préparation. On n’entre pas dans une séance d’entraînement sans passer par une mise en condition physique et mentale. Celle-ci doit prendre une vingtaine de minutes au minimum. Elle doit permettre à l’étudiant de préparer ses muscles, ses tendons, ses articulations, ses os, ses organes internes et son esprit à vivre un moment intense. Elle doit mêler des exercices de déverrouillage, d’étirements, de souffle, de dynamisation et de montée en température. Si cette préparation est négligée, vous vous blesserez tôt ou tard.

  1. Art martial, art de santé

Mon neuvième critère « alerte » rejoins le précédent : l’absence d’un contenu de cours constructif. Si les séances vous détruisent plutôt que de vous maintenir en santé, c’est que vous n’êtes pas au bon endroit. Un entraînement doit vous vivifier et non pas vous traumatiser. Il est normal de sentir de la « bonne fatigue » après un entraînement, c’est-à-dire une fatigue issue de l’effort et du relâchement des tensions physiques et émotionnelles mais si vous vous sentez mal et que vous souffrez durant des jours après une séance, c’est qu’elle n’a pas été menée pour vous construire et que son contenu était, pour vous, inadapté.

  1. Labor et oratoire doivent être équilibrés

Mon dixième critère « alerte » est l’absence de théorie durant les cours. La théorie est inséparable de la pratique au sein d’un art initiatique. Ces deux facettes de l’étude doivent être équilibrées. Si ce n’est pas le cas, vous n’êtes pas dans le cadre d’une transmission traditionnelle.

  1. Pas de secrets, juste du travail

Mon onzième et dernier critère « alerte » est lorsque l’enseignant prétend qu’il détient des « secrets ». Le seul secret qui existe dans les Arts martiaux est simple et se résume en une seule phrase : « sois humble, studieux, cherche ta vérité et travaille dur ! ». Quelqu’un qui prétend avoir des secrets masque, par ce stratagème, la pauvreté de son enseignement et tente de se légitimiser en tant que professeur. Les « gardiens de pseudos secrets » sont des mythomanes, ne vous laissez surtout pas berner par ce genre de personnes, il n’y a plus de secrets d’école depuis bien longtemps. Les seuls secrets à chercher en ce bas monde sont ceux du vivant et de son fonctionnement en nous et autour de nous.

Je m’arrête ici, même si la liste peut encore être complétée mais vous avez déjà là quelques points essentiels qui peuvent vous éviter de vivre une mauvaise expérience. La pratique d’un art martial doit vous enrichir, vous élever physiquement, mentalement et spirituellement, il est donc crucial d’être très prudent lorsque vous entamez la recherche d’une école. Prenez du recul face à ce qu’on vous propose, essayez plusieurs écoles avant de vous décider. Comme je l’ai dit au début de ce texte il y a des enseignants extraordinaires dans le monde des arts martiaux mais il y a aussi des profils psychologiques catastrophiques qui brandissent sans honte le statut de Maître. Ce statut ne peut être le fruit d’une auto-proclamation et se mérite au prix d’une longue carrière de pratiquant et d’enseignant mais ce qui l’atteste avant tout, c’est la faculté d’incarner les vertus et d’être dans la volonté de s’appliquer à être un homme profondément bon.

Brice AMIOT