De l’école WUDE à l’école d’A.M.E.S.

Il y a plus de 25 ans de cela, j’ai créé l’école WUDE après avoir obtenu, aux yeux de la législation Française, le droit d’enseigner d’abord bénévolement puis, par la suite, professionnellement, les Arts Martiaux Chinois. Mon souhait était de promouvoir et d’enseigner le WUSHU dans ma région, tout en poursuivant parallèlement une carrière de compétiteur même si j’étais bien au fait que cette voie du sport d’inspiration martiale n’était pas celle qui, dans le fond, m’appelait. La voie des Arts Martiaux traditionnels et l’aspect constructif qu’elle offrait me séduisait depuis l’enfance mais le début des années 2000 m’offrait alors l’opportunité de faire l’expérience du courant, ou plutôt de la déviance moderne et sportive des Arts Martiaux Chinois.

Ma détermination, mes qualités gymniques et mon entraînement acharné m’ont permis de remporter des titres dans des compétitions internationales prestigieuses. Des portes se sont ouvertes devant moi et l’école WUDE s’est petit à petit faite connaître, attirant de plus en plus de personnes autour des synthèses gestuelles martiales ou du sport de combat créés par la fédération internationale de WUSHU dont j’étais un ambassadeur. Cependant, plus j’œuvrais dans cet univers et plus j’avais la sensation de m’éloigner de ce qui, enfant, m’avait attiré vers les Arts Martiaux. Peu à peu je découvrais le grand mensonge qui se cachait derrière ce qui n’était qu’une vulgarisation des arts ancestraux que j’aspirais réellement à étudier et à enseigner. Ce que je proposais était un bel emballage, une coquille vide attrayante pour celui qui appréciait le cinéma d’action de HONG KONG ou les clichés véhiculés par le mouvement du « bien-être ».

Incapable de vivre dans le mensonge et perpétuellement en quête d’authenticité, j’ai entamé un radical changement de cap en mettant brusquement un terme à ma carrière de sportif martial pour me tourner exclusivement vers les Arts Martiaux traditionnels Chinois. C’est principalement en me plongeant dans le riche contenu pédagogique et technique de la Yang Martial Arts Association dont j’appréciais les ouvrages que j’ai pu enfin satisfaire mon besoin de rencontrer une matière cohérente et profonde. La pratique du « KUNG FU » avait enfin le sens que je souhaitais qu’elle ait et d’ailleurs depuis, je ne cesse de m’émerveiller devant ce qu’elle m’amène à découvrir sur moi-même et sur ce qu’est le vivant.

Puis d’autres enseignements sont venus, d’autres professeurs ont comblé ma soif d’apprendre et de comprendre. L’école WUDE est devenue une grande association drainant jusqu’à 160 élèves à l’année. Une forte aspiration à créer une grande famille de pratiquants unis autour des vertus martiales et des valeurs humaines m’obsédait mais la forme associative ne me permettait pas d’obtenir un cadre propice pour sortir de la formule « sport et loisir pour tous » que j’étais tenu de respecter en fonctionnant en partenariat avec les institutions politiques communales. Il fallait que WUDE soit un « club » de sport avant tout. Seule la rédaction d’ouvrages et la réalisation de supports audiovisuels me permettaient d’apporter cet équilibre philosophique, voir spirituel qui, au sein d’une transmission traditionnelle, est indissociable du renforcement du corps et de l’exercice technique mais je n’étais que peu satisfait de cette formule qui finalement, m’amenait à devoir rester majoritairement dans un format d’enseignement conventionnel de type sportif.

C’est la crise sanitaire qui mit un terme à l’existence de l’école WUDE sous une forme associative publique. Il n’était plus question pour moi, de dépendre des institutions pour exercer mon métier. Il est indiscutable que cette crise a engendré de grandes prises de conscience chez la plupart d’entre nous. Même si, pour des êtres sensés, elle n’est que le résultat de la direction purement matérialiste que l’humanité a décidé de prendre à un moment de son histoire. Elle démontre surtout à quel point nous sommes des créatures hors sol, séparées de la nature et dotées d’une pensée exclusivement scientifique qui ne rend pas le monde meilleur. Survivre à la crise et à sa gestion calamiteuse a nécessité une certaine organisation rendue possible grâce à l’aide et à la présence de mes élèves les plus engagés. Il a fallu maintenir des entraînements en petits groupes, des cours particuliers, créer des méthodes de travail à distance, accepter les pertes d’effectifs, enchaîner les cours « alimentaires »… Si j’ai pu sauver mon métier, je ne peux pas dire que j’ai sauvé l’école WUDE. Non, WUDE est morte en quelque sorte. En tous cas, sa forme est morte. Elle s’est délestée de tout ce qu’elle n’était pas dans le fond pour pouvoir s’élever au rang d’une école traditionnelle d’Arts Martiaux.

Elle a donc pris le fonctionnement d’un organisme privé dont les membres s’auto-séléctionnent en fonction de leurs objectifs de réalisation personnelle à travers l’étude et la pratique du WING CHUN, du TAIJIQUAN ou du QI GONG martial. Elle a également changé de nom pour devenir l’école d’Arts Martiaux Éducatifs et Spirituels. « Éducatifs » parce que les Arts Martiaux traditionnels nous permettent de prendre conscience qu’il existe des schémas naturels par lesquels l’énergie vitale circule mieux dans nos corps, que l’on parle du corps physique ou des corps plus subtils. « Spirituels » par ce qu’ils véhiculent également les enseignements des grandes traditions spirituelles asiatiques que sont le Bouddhisme, le Taoïsme ou le Confucianisme. On y étudie une voie de développement du corps et de l’esprit. On y respecte des valeurs, des vertus et on y cultive l’effort comme un élément nécessaire à l’évolution. Le vivant et l’humain y sont un axe de rotation. Les connaissances théoriques viennent y équilibrer les pratiques physiques. Les notions de loisir et de sport y sont remplacées par d’autres permettant à l’Art Martial de se situer au centre d’un art de vivre, c’est-à-dire au centre d’un ensemble de connaissances et de pratiques plaçant l’être humain face à ses responsabilités en matière de santé et de bonheur.

Contrairement à ce que pouvait proposer l’école WUDE autrefois, l’école d’A.M.E.S. ne propose pas de sports de combats, elle ne propose pas non plus de cours de self-défense, elle propose des Arts Martiaux traditionnels qui nécessitent beaucoup d’efforts sur de nombreux plans. Elle ne vend pas des séances de défoulement ou de « bien-être » éphémères, elle propose des formations construites selon un programme évolutif logique demandant une étude régulière et assidue. Je ne souhaite plus perdre mon temps à tenter de démontrer à quel point les connaissances que les Arts Martiaux traditionnels renferment sont de véritables trésors auprès de personnes qui ne souhaitent pas réellement se mettre au travail pour se transmuter et devenir plus saines et plus fortes. Cette direction que je prends n’attirera sûrement pas les masses mais elle m’assurera d’être entouré d’hommes et femmes capables de véhiculer davantage un « savoir vivre » plutôt qu’un registre de techniques de destruction.

Concrètement, comme vous le constaterez dans les pages de mon site briceamiot.fr, l’enseignement de l’école d’A.M.E.S. se divulguera au moyen de plusieurs biais :

  • Le premier, très classique, est le cours particulier. La personne qui souhaiterait me contacter à cet effet doit avoir l’objectif de suivre le programme de l’école dans une discipline précise. Cela signifie que je n’accepte aucun cours ponctuel « à thème ». Lors d’une séance, je donne des éléments théoriques, des indications techniques, des méthodes d’entraînement et l’occasion à l’élève d’expérimenter tout cela en ma compagnie afin qu’à l’issue, il ait toutes les clés en mains pour se responsabiliser de son évolution. Lorsque l’élève maîtrise le contenu de cette séance, il peut reprendre un nouveau rendez-vous pour avancer dans son programme. Si une personne a déjà pratiqué au sein d’une autre école, elle devra avoir l’humilité de recommencer à zéro sa formation car les bases d’une école permettent à tout le contenu de son enseignement d’être compris et assimilé. Je n’ai que peu de temps à accorder à ce genre de formule, je sélectionne donc rigoureusement les postulants en fonction de leur personnalité, de leur engagement et des objectifs de réalisation personnelle qu’ils ont à travers l’étude des Arts Martiaux.
  • Le second biais est le cours collectif technique régulier. Lui aussi, très classique, propose une formation technique très générale et impersonnelle étalée sur l’année. Il permet aux élèves qui suivent des formations spécifiques d’avoir des espaces d’approfondissement et d’entraînement. Il permet également à des débutants de rentrer pas à pas dans la pratique et de se familiariser avec les rouages techniques des différentes disciplines. Le cours collectif regroupe des pratiquants de mêmes niveaux deux fois par semaines. Les jours et horaires des cours collectifs sont définis par l’école (voir planning).
  • Troisième biais, le cours collectif personnalisé. Très proche de la formation, il s’adresse à un petit groupe d’individus de mêmes niveaux (entre cinq et huit personnes) qui souhaitent se réunir au moins une fois par semaine et durant au moins un trimestre pour étudier une discipline et avoir un encadrement personnalisé. Les jours et horaires de ces cours sont définis avec les élèves en fonctions de nos disponibilités communes.
  • Quatrième biais, la formation. C’est l’élément le plus riche proposé par l’école. Il permet aux élèves qui choisissent de l’aborder, de recevoir toute la matière théorique et technique propre à un thème ou à un niveau spécifique d’une des trois disciplines enseignées par l’école. La formation débouche sur le passage d’un test qui, validé, atteste d’un niveau de connaissances et de compétences faisant de l’élève, un pratiquant en marche vers la maîtrise et l’enseignement. Les jours et horaires de formations se déterminent en fonction du planning des demandeurs et du mien.
  • Cinquième biais, le stage. Très important également, le stage permet à des pratiquants de se retirer du monde durant plusieurs jours pour étudier et pratiquer ensemble intensément. Un stage s’organise autour d’un thème spécifique hors programme pouvant intéresser autant les membres de l’école que des participants externes. L’immersion totale est son atout majeur. Cinq stages annuels sont programmés par l’école mais d’autres peuvent être organisés à la demande.
  • Le septième et dernier biais est l’intervention en dehors du cadre de l’école A.M.E.S., que cela soit pour une autre école d’Arts Martiaux ou pour un tout autre organisme souhaitant bénéficier d’une formation, d’un stage ou d’une conférence

À toutes ces formules s’ajoute la mise à dispositions, au moins deux fois par mois, d’espaces d’étude complémentaires sur des aspects divers des Arts Martiaux (histoire, étude des différents courants et styles, etc…), sur la manière dont ces derniers transmettent les enseignements issus des piliers de la spiritualité asiatique (Confucianisme, Bouddhisme et Taoïsme) et sur des champs de travail annexes (alimentation, base de connaissances du système énergétique humain selon la médecine traditionnelle Chinoise, connaissance de la nature et de ses lois, étude de techniques de maintien de la vitalité et de la santé, connaissance des corps subtils de l’homme, découverte de l’art martial verbal : la CNV, étude du principe vital, etc…).

Ce fonctionnement peut-être être amené à changer dans le temps pour répondre au mieux aux demandes des étudiants mais surtout pour assurer la transmission.

À ceux qui se demanderaient à quoi peuvent ressembler les cours d’une telle école, je les invite à consulter les vidéos répertoriées sur mon site. Elles ouvrent une fenêtre sur ce que j’enseigne et la manière dont je l’enseigne.

J’espère avoir résumé clairement les éléments qui ont motivé la création de l’école d’A.M.E.S. et également avoir permis à ceux qui seraient en quête d’une école d’Arts Martiaux, de comprendre que ces disciplines sont, à l’origine, bien plus que des sports. Bien entendu, elles forment des corps solides, souples et agiles. Bien entendu, elles apportent un savoir-faire technique indiscutable face à l’agression physique. Mais les aptitudes physiques et le savoir-faire technique ne valent rien sans force d’esprit. Les vrais combats que nos vies nous invitent à mener nécessitent une grande force d’esprit. Seule cette force nous rend capable d’agir sereinement et de surmonter les épreuves en grandissant. Seule cette force est garante de notre santé et de notre capacité à nous relever lorsque nous tombons. Cette force existe en chacun d’entre-nous et nombreuses sont les voies qui nous permettent de la révéler. Les Arts Martiaux traditionnels Chinois, dans leur dimension intégrale, constituent l’une d’entre-elles et je ne souhaite plus aujourd’hui, faire de compromis en proposant, comme jadis, un standard épuré adapté aux faibles exigences d’un public peu engagé. Non, aujourd’hui les gens s’affaiblissent, souffrent de tout un tas de maux physiques ou psychologiques engendrés par des modes de vie dénués de sens. Je souhaite que l’école d’A.M.E.S. leur apporte de vraies solutions.

Je ne suis ni un Maître ni un gourou, je suis un enseignant passionné, un passeur de savoir qui est lui-même au travail pour appliquer dans sa vie les enseignements issus des Arts Martiaux. Je tente d’améliorer constamment ma personne et, de ce fait, d’améliorer également ma manière de transmettre afin de proposer à mes élèves une matière vivante à expérimenter directement dans la réalité. L’école d’A.M.E.S. est le fruit d’une recherche constante, une étape dans mon évolution. Je souhaite qu’elle s’enrichisse de belles âmes, décidées à travailler en ma compagnie pour devenir plus fortes.